Ce soir-là, je n'ai pas dansé

« Les épaves dissimulées au plus profond de notre monde marin remontent toujours à la surface un jour, aujourd'hui. » Ce soir-là, je voulais danser dans un lieu plus ou moins recommandable pour une jeune demoiselle. Des orchestres très réputés s'y produisaient certains soirs et je voulais profiter de cette sortie secrète. Du haut de mes 18 ans, ou presque, je ne voulais pas manquer une seule danse. Soudain, un groupe de motards est entré et a pris le contrôle de la place en quelques secondes. Je ne savais rien de ces individus aux regards glacials portant d'énormes chaînes. Rapidement, certains ont entouré notre table pour s'approcher de leur victime potentielle, moi. Une de ces brutes avait décidé que j'étais l'heureuse élue pour ce viol collectif. Ainsi, cet individu pourrait gravir les échelons au sein de son clan tout en devenant le héros de la soirée. Je ne me souviens pas combien de temps a duré cette prise de contrôle. Mon agresseur a fait usage de différents moyens pour exercer son emprise. Je voulais reprendre le contrôle de ma vie sauf que mon esprit n'arrivaient plus à réfléchir. Ce secret que j'ai caché très longtemps a refait surface lors des mouvements de dénonciation d'agresseurs, de féminicides et de procès très publicisés. L'analyse de cette soirée devenait essentielle pour que je la comprenne. Ces instants sont encore gravés dans ma mémoire, toutes les odeurs, la chaleur de son corps et l'arme sur ma tempe. De quels droits pouvait-il m'abaisser de la sorte? Je raconte mon récit avec mes yeux d'adolescente et j'essaie de l'expliquer avec ceux d'une plus grande sagesse. Seulement, je n'ai pas oublié cette soirée-là parce que j'ai évité un viol collectif.