Nebulae [édition bilingue]

Cette monographie consacrée à Anahita Norouzi marque la cinquième édition du Prix en art actuel du MNBAQ produite en partenariat avec RBC Banque Royale. Lauréate de cette édition, Norouzi, au fil de ses recherches, capte l’état fragmentaire de certains épisodes de l’histoire coloniale et parvient à mettre en lumière des flous, des nebulae, vocable latin qu’elle affectionne et dont elle use comme « une analogie de la façon dont nous abordons et interprétons des histoires complexes et des souvenirs fragmentés ». Le travail d’Anahita Norouzi, artiste d’origine iranienne résidant à Montréal, insuffle une nouvelle vitalité aux récits souvent négligés de la colonisation et de ses effets durables sur nos sociétés modernes. L’artiste a quitté son pays natal à la suite de la répression du « mouvement vert » en 2009, et ce départ, tout autant qu’une recherche identitaire profonde, enrichit ses œuvres d'une sensibilité unique lui permettant d’interroger les enjeux sociaux, politiques et historiques qui façonnent notre monde contemporain. À travers des installations multidisciplinaires qui mêlent sculpture, photographie et nouveaux médias, Norouzi tisse des récits témoignant des luttes complexes entre identité personnelle et dynamique de pouvoir. Dans cette publication qui fait la part belle aux œuvres créées par l’artiste dans les dernières années, André Gilbert, Mona Filip et Noor Alé s’intéressent principalement à l’approche critique de l’histoire et de l’héritage colonial qu’elle met en scène. Le travail de Norouzi explore les thématiques du déracinement, de l’exil, de la mémoire et des dynamiques coloniales liées à l’exploitation archéologique et culturelle. À travers ses installations, elle interroge les conséquences géopolitiques de la migration des plantes, des artéfacts et des populations, en abordant la destruction environnementale, l’extraction et la réappropriation culturelle. Avec des œuvres telles que Diasporas en constellation, L’avenir n’existe que pour les fantômes, et Puisses-tu te libérer et survivre à ton ennemi, Norouzi examine le pillage de sites historiques comme Persépolis, l’extractivisme impérialiste, la dispersion des artéfacts dans les collections occidentales et leur impact sur l’identité. Ses créations dénoncent la résilience dans la perte, la restitution symbolique et la tentative de réappropriation d’histoires marginalisées. Par ses recherches artistiques, elle questionne les institutions, la colonialité et la fracture mémorielle.